Apparaissant dans une œuvre de Courbet, le pont de Nahin est empreint d’histoires de magie et de sorcellerie. En amont de la ville d’Ornans, il dessert le quartier du même nom. La fontaine de Nahin a quant à elle été très utile notamment pour le couvent des Minimes (mais aussi pour la confection d’eau-de-vie).
Le pont de Nahin
Destruction et Reconstruction
Autrefois construit en bois, le pont subit les dommages d’une grande crue de la Loue en 1565. Une véritable catastrophe pour les habitants d’Ornans. Il fut par la suite reconstruit en pierre en 1607 et restauré en 1775 pour une meilleure tenue. Mesurant 35 mètres de long et 4.90 de large, Gustave Courbet l’immortalise dans son œuvre peinte en 1837. En 1906, le 15 décembre, le pont subit une nouvelle consolidation grâce à une subvention de 850 francs votée par le Conseil municipal. Des travaux ont également été réalisés en 2014.
On nommait ce pont “Vieux pont” ou “Pont du Bourg-Dessus” car il menait à la Ville Haute.
Un refuge de sorcières
Entre 1530 et 1680, de nombreuses lois apparaissent pour lutter contre les sorcières, soi-disant envoyées par Satan. Cette chasse aux sorcières entraina la mort de milliers de personnes au 17ème siècle. En Franche-Comté, on compte pas moins de 800 accusés et près de la moitié d’entre eux périrent sur le bûcher. 5 personnes ont été arrêtées à Ornans dont deux condamnées à mort. Ces ornanaises furent incarcérées et torturées dans les cachots qui étaient situés sous l’actuel Hôtel de Ville. Leur jugement prenait lieu à l’hôtel Grospain, ancien tribunal du bailliage.
Elles étaient notamment accusées de faire tomber la pluie et la grêle et de participer au sabbat, fête nocturne des fidèles du diable. Dans les deux cas, le pont de Nahin semblait y jouer un rôle important. En effet, on croyait à cette période que les sorcières se rendaient au bord de la rivière, sous les ponts, pour frapper l’eau avec une baguette et ainsi provoquer les gouttes de pluie. Elle rejoignait également le diable à cet endroit pour manger sans sel, danser à l’envers et boire du vin sans goût.
La fontaine de Nahin
La fontaine de Nahin se trouve dans la rue l’Isle au Prêtres face au pont. Elle est l’une des plus anciennes d’Ornans et sa reconstruction résulte d’un accord en 1615 entre les habitants du quartier de Nahin et le conseil de la ville d’Ornans. Une aide financière de la part d’Ornans a été transmise aux habitants afin qu’ils réparent et entretiennent cette fontaine décemment. Il était également convenu que les pères Minimes puissent y prendre de l’eau pour le couvent. Ces derniers avaient aussi récupéré le bois qui composait l’ancien pont de Nahin.
La Fontaine actuelle aurait été construite postérieurement à 1813. Elle est composée d’un abreuvoir en demi-cercle haut de 70 cm environ. Il retenait le bétail à l’extérieur. Derrière ce premier bassin, un second bassin en ovale était destiné aux habitants comme lavoir. L’eau propre se déversait dans ce deuxième bassin depuis un bac intercalaire situé derrière la borne à travers de petites rigoles taillées dans la pierre. Dans la partie avant, l’eau est distribuée par un dégorgeoir à tête de reptile. La forme de cette fontaine peut faire penser à une ancre marine. Une toiture sera déposée dans les années 60 pour couvrir l’ensemble.
L’eau qui en découle est filtrée lorsqu’elle passe dans les sablières, lui donnant ainsi sa qualité. Les bouilleurs de cru l’utilisaient pour la confection de l’eau-de-vie, d’où cette phrase “l’eau de Nahin vaut du petit-vin”.
