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Après le premier atelier de Courbet établi dans le grenier de ses grands-parents maternels, cet atelier constitue le second lieu d’Ornans à accueillir tout l’art du peintre réaliste avant son exil en Suisse.

Construit à l’époque en pleine nature en périphérie de la ville, il répondit à l’envie de Courbet de posséder un atelier dans cette région natale qui l’a tant inspirée. Naviguant entre Paris et Ornans, impliqué politiquement dans le mouvement révolutionnaire de la Commune en 1871, Gustave Courbet fut obligé de quitter ce lieu de création en 1873 après 14 ans d’occupation.

L’atelier pendant Courbet

Le cadre idyllique

Gustave Courbet, rêvant d’établir à Ornans un atelier digne de ce nom, achète en 1860 l’ancienne fonderie Bastide afin de la remanier en son souhait.  A l’extérieur, le terrain se situe entre falaises et rivières et s’agrémente d’un joli jardin et verger. A l’intérieur s’entrepose une collection d’objets hétéroclites et une multitude d’œuvres. Les murs même de l’atelier étaient peints par Courbet. 

Toutes ces conditions réunies ont permis au chef de fil du mouvement réaliste de créer une série impressionnante de paysages franc-comtois, peints en plein-air ou en atelier. Représentant deux tiers de sa production, les paysages vivaient à travers Courbet, lui-même très attaché à la nature. 

« Le beau donné par la nature est supérieur à toutes les conventions de l’artiste. » Courbet

L’espace idéal

L’atelier Courbet est vaste et lumineux permettant à l’artiste d’exprimer librement son art au travers d’œuvres gigantesques. Réaliser des grands formats et les stocker n’était plus un souci. C’est dans ce lieu qu’il peint ces derniers formats monumentaux à destination des salons tel que L’Hallali du cerf peint en 1865 exposé actuellement au musée des Beaux-arts et d’archéologie à Besançon. Cette œuvre s’inscrit dans une grande série de toiles ayant pour sujet la chasse débutée dans les années 60 au sein de cet atelier. 

Un désordre créatif

Durant toutes ces années, l’atmosphère de l’atelier pourrait se décrire comme un joyeux bazar. Selon le témoignage du sculpteur jurassien Max Claudet en 1864 :

« Le plus beau désordre y régnait : toiles empilées contre les murs, journaux et livres à terre, bocaux remplis de reptiles sur des rayons, armes de sauvages données par le géologue Marcou suspendues aux cloisons, boîtes de peinture, habillement, etc., tout cela pêle-mêle.  »

Dans l’atelier, on peut également admirer deux peintures murales représentant des paysages lointains cher à l’artiste. Ces dernières sont complétées par un ciel peint sur le plafond où volent des oiseaux emblématiques de la Vallée de la Loue : les hirondelles. Ce ciel n’est cependant pas certifié de Courbet lui-même mais certaines parties du plafond, de factures différentes, restent de sa main.

De nombreuses visites

De 1860 à 1873, Courbet occupe ce lieu qui devient également un espace de réception et de transmission pour les critiques d’art, artistes et collectionneurs. 

En 1872, le peintre-sculpteur réunit autour de lui des jeunes peintres pour l’aider à produire ces peintures faisant ainsi de cet endroit un “atelier commun”. Ces collaborateurs et élèves lui permettaient de répondre aux multiples commandes.

La Commune de Paris et l’exil

L’histoire de Courbet et donc de cet atelier est étroitement liée à la Commune de Paris en 1871. C’est notamment cette même année que l’atelier d’Ornans a été saccagé par l’armée prussienne.

Durant la guerre contre la Prusse, Napoléon III est fait prisonnier, la capitale est assiégée, et la troisième République est proclamée. Le peuple de Paris refusant la capitulation et le nouveau gouvernement à Versailles se soulève et déclenche ainsi la Commune de Paris en 1870 et 1871. Courbet prit part à ce mouvement révolutionnaire. Et le 16 mai 1871, il assiste à l’abattage de la colonne Vendôme par les parisiens, colonne érigée par Napoléon pour commémorer la bataille d’Austerlitz. La Commune de Paris violemment réprimée par le gouvernement le 28 mai 1871, Courbet fût jugé pour sa participation et ainsi emprisonné.

En mai 1873, l’artiste est accusé, à tort, d’être l’instigateur de la destruction de la colonne Vendôme. Il est tenu de payer la totalité des frais pour la reconstruire, ses biens sont mis sous séquestre et s’il ne paye pas cette somme colossale, il craint de retourner en prison. 

Courbet décide alors de s’exiler en Suisse, contraint de laisser son atelier.

L’atelier au temps de sa soeur 

La sœur de Gustave Courbet, Juliette Courbet, devient l’héritière de ce dernier à sa mort en 1877. Elle dédie sa vie à réhabiliter son frère dont l’engagement politique entacha sa réputation. Elle fit également d’importantes donations d’œuvres à l’État et à la Ville de Paris. A l’atelier, elle construit une extension de 100m2 entre 1903 et 1904 pour exposer les œuvres de son frère et recevoir des amis et admirateurs de l’artiste. On pouvait y voir les différentes toiles Jésus devant un calice, La Femme au podoscaphe (1865) et le très célèbre autoportrait Le Désespéré (1844-1845). Les peintures s’entouraient de souvenirs de famille, la collection personnelle  de Courbet, du mobilier ou son masque mortuaire réalisé par Louis Niquet.

« C’est dans la ville qui a été son berceau que je désire placer, comme dans un salon de famille, les œuvres les plus caractéristiques de sa vie. » Juliette Courbet, 1903.

Juliette Courbet envisage de léguer le lieu de mémoire que représente cet atelier musée, à la ville d’Ornans mais ce projet ne pût aboutir et à la mort de cette dernière, le bâtiment fut vendu à la famille Marguier, négociants en vin. 

L’atelier depuis sa restauration

Après un siècle d’oubli, l’atelier, utilisé alors comme lieu de stockage, est racheté par le Département du Doubs en 2007 dans le cadre du projet départemental “Pays de Courbet, pays d’artiste”. L’année suivante, ce lieu chargé de souvenirs est inscrit au titre des Monuments historiques. 

Les différentes utilisations du lieu ont causé de sévères dégradations et un délitement progressif des précieux décors au plafond. Débutée en 2019, une campagne de restauration, supervisée par l’atelier d’architecture Balduini et confiée à l’atelier de restauration de peinture Marc Philippe commence. De 2019 à 2021, le département du Doubs agit pour la renaissance de ce lieu. 

L’encrassement, les diverses contaminations biologiques et le brunissement du plafond dû à l’oxydation du plomb contenu dans les peintures ont été nettoyés, rincés, consolidés et fixés. De nombreuses études et recherches ont été réalisées afin d’établir l’apparence de ce lieu à plusieurs époques. L’atelier restauré se veut de restituer l’apparence au temps de Juliette Courbet, après 1903. La couleur rouge des murs, les décors, les peintures murales, le plafond aux hirondelles, les boiseries ou encore les verrières ont été reconstitués à travers des études historiques et archéologiques. Le monogramme “GC” apparaissant sur la baie centrale en haut est le seul élément ancien. La bonne conversation des peintures est désormais assurée par un contrôle climatique. 

Depuis février 2021, l’atelier Courbet complète le pôle Courbet composé également du musée départemental Gustave Courbet à Ornans, de la ferme familiale à Flagey, de la maison de la Source de la Loue à Ouhans et des sentiers de Courbet. 

Tout au long de l’année, il accueille de nombreux événements (expositions, colloques, concerts, spectacles, ateliers créatifs) et de nombreux artistes pour répondre à sa destinée de création et de transmission.

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