Actuellement visible place Robert Fernier, non loin du Musée Courbet, la pierre d’Asile est l’un des derniers témoins du passé seigneurial de la ville d’Ornans. Cette dernière illustre l’une des fortes traditions Ornanaises ancrées dans la vie du XVIème siècle. Grâce à elle, de nombreux vagabonds ont pu trouver refuge temporairement parmi ces villageoises et villageois au grand cœur.
La Pierre d’Asile, le sésame des réfugiés
Perçue comme le sésame des réfugiés, cette pierre est très vite devenue une tradition chez les Ornanais au point de perdurer pendant plus de 160 ans !
Elle accordait à toutes personnes ayant commis un homicide par accident ou par autre circonstance susceptible d’obtenir la grâce du seigneur de séjourner temporairement au sein de la Petite Venise comtoise. De ce fait, la ville d’Ornans fut considérée comme généreuse. Ce droit dorénavant présent dans toutes les sociétés occidentales était obtenu en touchant la niche creusée dans cette colonne.
Cependant, il est bien connu qu’il ne faut pas abuser de la bonté d’autrui ! En effet, ce réfugié avait l’obligation de demander grâce dans un certain délai sous peine d’être banni une fois de plus. Cette règle est tout à fait compréhensible : la ville d’Ornans ne voulait pas « peupler de tels reprochables habitants » !
Dans le cas où la grâce seigneuriale ne serait pas accordée ou le délai dépassé, le réfugié avait interdiction formelle de se présenter au château, aux halles, au four, au moulin banal… En bref, dans tous les lieux appartenant à cette même ville.
La Pierre d’Asile, source de multiples abus
Si cette pierre était particulièrement sollicitée par l’ensemble des réfugiés, elle fut l’objet de nombreux litiges notamment en accordant l’asile à des individus ayant commis des homicides volontaires.
Ornans, 1514
Je m’appelle Guy Nicolas, et croyez-moi je suis loin d’être irréprochable dans ma vie. Je me suis réfugié à Ornans car j’ai commis un crime, dont je ne suis pas fier. J’ai volé l’argent et les bijoux d’une riche veuve, à Nans-sous-Sainte-Anne. Comprenez, j’avais besoin d’argent pour me nourrir. Aujourd’hui, tout le monde me dévisage, personne ne veut être vu avec moi, je suis perçu comme la bête noire.
Guy Nicolas
Cependant, bien qu’elle soit parfois injuste, cette pratique a permis de tourner la page des vengeances privées commises lorsque la justice était mal administrée.
La Pierre d’Asile, la fin d’une épopée
Mais, toute bonne chose a une fin !
Ce droit, longtemps conservé au cœur de cette ville si particulière, si mythique, si historique, a connu ses derniers jours lors de la conquête de la Franche-Comté, en 1674, par les troupes du Royaume de France orchestrées par Louis XVI.